INTERVIEW
réalisée par Astrid FOULON


EXTASE

Comment vous est venu l’idée de faire ce film pour le moins original ?
Au départ j’ai eu le besoin de faire un film très personnel. Alors, j’ai écrit une œuvre de cinéma expérimentale, j’ai souhaité une forme totalement libre qui ne respecte aucune règle narrative.
C’est pourquoi j’ai tenu à l’autoproduire. Pour aboutir exactement à ce que je souhaitais, il était nécessaire pour moi de pouvoir maîtriser toutes les décisions, à chaque étape du film.
Le tournage s’est d’ailleurs fait avec très peu de moyens…juste de quoi payer un peu de location de matériel, les repas, le studio…les techniciens et les comédiens étaient en participation.


Il faut une beaucoup d’énergie pour porter ce type de projet jusqu’au bout...
Quand on croit en ce qu’on fait, il y a toujours de l’énergie.
Toute l’équipe du film a joué le jeu. La plupart des personnes travaillaient en même temps, mais prenaient le temps de s’impliquer, et il y avait une très belle ambiance. Tout le monde était là, unis pour défendre ce projet. C’était merveilleux.
Je réalise pleinement ma chance d’avoir pu mettre au monde ce film dans cette époque, de crise et de censure. La liberté personne ne vous la donne, il faut l’arracher, la voler.


Le thème biblique est très présent dans le film. Peut-on dire qu’EXTASE parle avant tout de religion ?
La religion fait partie de mes racines, et est très présente dans ma vie.
A 20 ans, j’ai commencé mon catéchuménat (la préparation au baptême des adultes). J’ai arrêté en cours de route, car je me suis rendu compte que je doutais de choses trop essentielles.
C’est d’abord ce doute que j’ai voulu mettre en scène dans EXTASE, à travers cette jeune fille, Jeanne, qui cherche un sens à son existence. Elle veut croire, en Dieu certes, mais avant tout en la vie. Jeanne s’interroge sur sa foi, mais arrive à la conclusion que le doute est déjà le début de quelque chose… Je crois que les doutes font partie du processus qui mène à la foi.


La foi, la religion ne sont pas franchement des thèmes à la mode...
Je ne me soucis pas de savoir si c’est à la mode ou pas à la mode. Ce que je sais, c’est que ce thème me préoccupe…comme d’ailleurs une bonne partie de l’humanité depuis des dizaines de milliers d’années…il n’y at pas de raison que j’y échappe !


La structure du scénario est assez déconcertante...
Le récit respecte avant tout l’errance morale de mon personnage.
Jeanne cherche, rêve. Elle se perd pour se laisser submerger, par un flot incontrôlé de souvenirs, de rêves, de fantasmes, d’hallucinations.
Nous suivons cette quête avec elle, voire en elle. Je veux dire par là, qu’il ne s’agit pas de montrer aux spectateurs les doutes de Jeanne, mais bien de tenter de l’inviter à les vivre avec elle, de l’intérieur.


Le travail sur l’image également s’affranchit de toute réalité...
L’onirisme du récit sert mon propos. Cette forme libre me permet d’exprimer certaines choses qui me seraient bien difficiles à dire dans une forme plus classique.


Astrid BERGES-FRISBEY est merveilleuse dans le rôle de Jeanne. Comment l’avez-vous rencontrée ?
D’abord, j’ai vu sa photo dans un magazine. Ensuite, je l’ai rencontrée.
C’est une comédienne sensationnelle. Elle a 22 ans et déjà une telle maturité!...Elle est sublime, sensible et hyper douée ! Cette comédienne est de loin la plus intéressante que j’ai croisée à ce jour. D’ailleurs en ce moment j’écris un nouveau projet que j’espère faire avec elle.