INTERVIEW


LA CHUTE DES HOMMES

« La Chute des Hommes » signifie quoi pour vous ?

« La Chute des Hommes », c’est l’histoire des Hommes qui sans cesse se répète ; Les Hommes se font des guerres, parce qu’ils ne parviennent pas à rester humble face à l’autre et qu’ils veulent sans cesse dominer, et peut-être aussi que cette Chute est une nécessité pour mieux se relever... J’ai choisi de faire ce film en mettant en scène les points de vue de trois personnages, à chaque histoire, on découvre les motivations et les raisons qui les conduisent à être entrainés dans cette Chute.

La figure de la Vierge-Marie est présente dans « La Chute des Hommes »

La Vierge Marie pour les chrétiens, et Maryam pour les musulmans est une figure qui peut aider à retrouver la paix, car c’est la figure pacifique d’une sainte. Elle est très respectée dans les deux religions.

Vous nous avez confié qu’en période de casting, des gens vous ont proposé de rencontrer de véritable djihadistes..

Oui, c’est vrai. Certains de mes comédiens m’ont assuré que quelques-uns de leurs amis étaient partis en Syrie combattre... Alors ils m’ont raconté leurs expériences. Ils m’ont même proposé de les rencontrer, mais je n’ai pas donné suite.

Au début du film, il y a une fête de famille entre Ukrainiens et Russes, c’est un beau moment de fraternité.

Eh bien, pour être honnête avec vous, avant le tournage, je n’avais pas une vision très objective de cette guerre. J’avais tendance à admirer Poutine. Et puis, j’ai rencontré la comédienne Inna Oziard qui joue le rôle de la mère de Lucie. Une nuit, elle m’a envoyé un mail en rentrant d’une visite à sa famille en Ukraine. Son mail m’a bouleversé. Elle me parlait de son pays, de la guerre, de la misère avec des mots très justes. Alors j’ai réécrit la scène, et j’ai essayé d’en faire une scène de fraternité entre ces deux peuples.

Vous avez dédié ce film aux personnes victimes du terrorisme, aux victimes des guerres prétendument justes et aussi à un prêtre.

Oui. Ce prêtre a failli être égorgé en 2012 dans son église. A Bourg-lès-Valence, il s’agit du prêtre qui m’a préparé au baptême, le prêtre Olivier-Marie de Presmenil.

Y a t-il un type de parcours qui conduit au djihadisme ?

Je crois qu’il n’y a pas de modèle type. Certains s’engagent par conviction religieuse, d’autres par dépit de ne pas faire partie d’une société occidentale qu’ils n’aiment pas à cause du passé colonial de la France, d’autres car ils préfèrent faire la guerre que devenir livreurs de pizzas... certains se sont radicalisés en prison... et puis il y a ceux qui sont perdus dans une identité qu’ils recherchent parce que même s’ils sont nés en France, ils ne reconnaissent pas la culture française et sont nostalgiques de la culture de leur ancêtres, et ils épousent alors un Islam littéral... enfin, il y a toutes sortes de parcours qui conduisent ces hommes à prendre les armes.

Quelle conclusion portez-vous sur cette jeunesse qui s’engage dans des combats armés ?

Les gens d’argent ont voulu un monde mondialisé, ils ont supprimé les repères si fragiles et si indispensables pour protéger les peuples, et l’âme des peuples. Alors les gens sont perdus, on leur demande de renoncer à leurs valeurs et de se fondre dans un monde aseptisé. Mais bizarrement après avoir bien étudié tout ça, je suis moins manichéenne qu’au tout début de mon écriture. Le choix des armes n’est pas le bon, c’est certain. Mais notre approche politique des peuples qui ont développé une autre culture que la nôtre n’est pas toujours la bonne non plus...

Vous avez une nouvelle fois réalisé ce film seule en auto-production ?

Oui. Pour faire un film dans le Système, il faut accepter de faire « valider» votre scénario par une quarantaine de personnes ; comité de lecture de Canal, comité d’une seconde chaine (type TF1), comité du Centre National du Cinéma, comité d’une SOFICA, comité d’une région. Je ne pense pas que le cinéma soit le regard de 40 personnes, mais d’un auteur, qui mène son combat seul contre tous.